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Le Greffeur de Perles

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vendredi 24 septembre 2004

La culture de l’huître perlière akoya a-t-elle des chances de réussir en Australie ?

Josia H. Pit et Paul C. Southgate
Pearl Oyster Research Group, School of Marine Biology and Aquaculture, James Cook University, Townsville, Queensland 4811 (Australie).
Courriel : Josiah.Pit@jcu.edu.au

La production mondiale de perles akoya a lentement diminué au cours de ces dernières années. Cela s’explique principalement par le déclin de l’industrie perlière japonaise, dû à la surpopulation et aux maladies qui ont décimé une grande partie de ses stocks d’huîtres. En conséquence, on s’intéresse de plus en plus aux travaux de recherche et développement concernant la production de perles akoya conduits dans d’autres pays, en particulier la Chine et l’Australie.

La perliculture australienne est actuellement fondée sur la production de perles à partir de Pinctada maxima, l’huître perlière aux lèvres argent. On note toutefois un intérêt grandissant pour la production perlière à partir de deux autres espèces, Pinctada margaritifera et Pinctada fucata, qui abondent dans les eaux australiennes. Ce rapport décrit la recherche qui a été conduite pour déterminer la faisabilité de la production de perles akoya dans le nord du Queensland, en Australie.

Il s’est agi de rassembler des données de référence sur la croissance et la survie des huîtres pendant leur élevage au stade larvaire et en nourricerie. On s’est notamment employé à établir quelles sont les meilleures conditions d’élevage des larves (c’est-à-dire la qualité de l’eau, la densité de larves et l’alimentation optimales), ainsi qu’en nourricerie (type d’équipement requis et densité de concentration des stocks).

Cet essai a été le premier à donner une belle production en écloserie de P. fucata dans le Queensland. Les méthodes de base employées pour la culture de P. fucata pendant cette étude ont été copiées sur celles utilisées dans la même écloserie pour la culture de P. margaritifera. Pendant la première année du projet, plus de 48 000 naissains, âgés de 3,5 mois, avec une HDV moyenne de 12,5 ± 0,4 mm (± écart type, n = 50), ont été produits. D’après les premières observations, il semble que, dans le nord du Queensland, il faille élever Pinctada fucata à une profondeur de 2 mètres après leur premier transfert de l’écloserie à la mer. Une fois que les huîtres ont été classées (à l’âge de 3,5 mois), il faut toutes les conserver et les stocker dans 20 à 30 pour cent de l’espace disponible pour la culture, soit dans des filets pyramidaux, soit dans ces mêmes filets doublés d’autres maillages plus fins, jusqu’à ce qu’elles atteignent une HDV de 50 mm. Une fois qu’elles ont cette hauteur, il faut transférer les huîtres dans des “poches kangourou” ou des structures de culture aux mailles plus larges, et changer les filets ou les nettoyer toutes les huit semaines environ. De plus, les huîtres que l’on empêche de former des grappes atteignent de plus grosses tailles.

La culture de Pinctada fucata dans le nord du Queensland est très prometteuse. À ce jour, on a réussi à obtenir au bout de 24 mois des spécimens d’une HDV supérieure à 100 mm et d’un poids humide de 100 grammes. Nous effectuons actuellement des essais de sélection sur la base des tailles des animaux, et les premiers résultats obtenus laissent présager un brillant avenir pour la culture de P. fucata en Australie.

vendredi 17 septembre 2004

La production et l’élevage de l’huître perlière à ailes noires, Pteria Penguin, en Chine du sud

Xiangyong Yu et Meifang Wang
Pearl Research Institute, Zhanjiang Qcean University, Zhanjiang, Guangdong (Chine). Courriel : yuxyong@163.net

L’huître perlière à ailes noires, Pteria Penguin, se trouve le long de la côte de l’île de Hainan, de la péninsule de Leizhou et d’autres régions maritimes dans la mer de Chine du sud. C’est une sorte de bivalve de grande taille, qui grossit rapidement. Des essais de production et d’élevage de cette espèce en ferme ont été conduits il y a environ cinq ans. On a tout d’abord ramassé des nacres naturelles, principalement pour obtenir des perles hémisphériques, puis on a sélectionné des animaux ayant atteint leur stade de maturité dans le milieu naturel pour en faire des géniteurs pour la production de naissain.

Après une série d’essais, on a mis au point les diverses étapes, à savoir, la sélection et la culture des nacres, l’induction de la ponte, l’élevage des larves, la collecte du naissain et son grossissement jusqu’à l’obtention d’adultes matures. Cette monographie traite de l’ensemble du processus, depuis le zygote jusqu’à l’adulte.

Une reproduction suffisante, tout d’abord des nacres naturelles puis des stocks grossis en ferme, a permis d’obtenir assez d’huîtres pour les essais de production de perles. Deux sociétés, l’une de l’île de Hainan, l’autre de la péninsule de Leizhou, qui ont collaboré à nos travaux de recherche, ont réussi à mettre au point une technique efficace de production de mabés. Récemment, on a réussi à obtenir des perles rondes de l’huître à ailes noires. Il est fait dans cette monographie une description générale de la culture de perles hémisphériques et rondes issues de l’huître perlière à ailes noires.

mercredi 15 septembre 2004

La génétique des populations d’huîtres perlières à lèvres noires, Pinctada margaritifera

Teresa Lewis, Candace Martin, Cameron Muir, Maria Haws, Simon Ellis, Matang Ueanimatang, Donald David et Manoj Nair Hawaii Institute of Marine Biology, School of Ocean and Earth Sciences and Technology, University of Hawaii at Manoa, Kaneohe, Hawaii. Courriel : tdlewis@hawaii.edu

La production de perles est une activité importante qui favorise le développement économique durable et les exportations génératrices de revenus au profit de divers pays océaniens. Des observations empiriques ont montré que différents stocks d’huîtres perlières produisent des perles sensiblement différentes. Par exemple, l’île de Manihiki, aux Îles Cook, produit des perles à la coloration unique, faciles à distinguer. Les acheteurs de perles en Polynésie française ont remarqué qu’avant les transferts à grande échelle d’huîtres perlières entre les douzaines d’atolls qui s’égrènent dans l’archipel des Tuamotu, chaque atoll produisait des perles reconnaissables par leur couleur, leur lustre et leur orient, qualités déterminantes de leur prix et de leur compétitivité commerciale.

Après des transferts massifs de naissains entre îles, ces caractères distinctifs à chaque île disparurent. Il serait utile d’établir des empreintes génétiques précises et exactes pour faciliter la conception et le suivi de pratiques de gestion appropriées de l’aquaculture de l’huître perlière à lèvres noires.

Les exploitants d’écloseries réclament des informations pour élaborer des stratégies et pouvoir ainsi approvisionner les perliculteurs avec les naissains qu’ils souhaitent, tout en protégeant la biodiversité et la valeur économique qui s’attache aux stocks différents sur le plan génétique. Nous tentons actuellement de répondre à cette demande en recourant à deux systèmes de marquage d’ADN : l’amplification du polymorphisme sur la longueur d’un fragment et l’analyse de l’ADN microsatellite. On a prélevé pour nos analyses des spécimens provenant d’écloseries d’Hawaii, des États fédérés de Micronésie et des Îles Marshall, ainsi que de stocks naturels.

lundi 6 septembre 2004

Annuaire océanien des greffeurs de perles établi par la rédaction

Cet annuaire est destiné à faciliter l'établissement de liens entre les nouvelles fermes perlières qui se créent et les greffeurs. Ces renseignements de base seront communiqués aux perliculteurs océaniens agréés qui les demandent. Il appartient ensuite à chacun de donner suite à ces prises de contact.

http://www.spc.int/coastfish/News/POIBVF/Greffeurs-Annuaire.html

mercredi 1 septembre 2004

Les économies d’échelle dans la perliculture en Polynésie française : l’influence de la dimension des fermes sur le coût moyen d’une perle et celle des pratiques d’élevage sur la quantité et la qualité de la récolte de perles

Bernard Poirine et Sylvie Kugelmann
Université de la Polynésie française, Papeete, Tahiti (Polynésie française)

Une enquête faite auprès de quarante fermes perlicoles en Polynésie française a révélé d’importantes variations de coût entre les fermes. Le prix de revient moyen d’une perle baisse d’autant que la taille de la ferme augmente.

Pour les petites fermes perlicoles, ayant un stock de moins de 25 000 huîtres, le prix de revient moyen d’une perle est deux fois plus élevé que celui d’une perle provenant de fermes perlicoles possédant un stock de plus de 200 000 huîtres. Les économies d’échelle semblent se produire lorsque les fermes possèdent un stock compris entre 25 000 et 100 000 huîtres. Au-delà de 100 000 huîtres, les économies d’échelle sont moins sensibles.

On a effectué une analyse de régression pour déterminer la manière dont les pratiques perlicoles influent sur le pourcentage de rebuts (perles sans valeur commerciale). Une plus grande densité d’huîtres sur les cordages et une plus grande taille des huîtres au moment du greffage entraînent des taux de rebuts plus importants. Par contre, lorsqu’on laisse les huîtres greffées plus longtemps dans l’eau avant la récolte et qu’on les nettoie plus souvent, le taux de rebuts baisse. L’analyse de régression a également servi à mettre en lumière les facteurs déterminants dans le prix de vente moyen des perles. Lorsqu’on greffe des huîtres plus grosses et lorsque le taux de mortalité après greffage est moins élevé, on obtient un meilleur prix.

Utiliser des huîtres perlières comme des détecteurs de métaux lourds dans les eaux tropicales

Dale J. Sarver, Aaron Ellis, Neil Anthony Sims et David Wise

La mesure des degrés de pollution des mers tropicales par des métaux lourds réclame des techniques exactes et efficaces par rapport au prix qu’elles coûtent. La mesure directe de la présence des métaux dans de l’eau de mer n’est pas possible dans la plupart des océans et des régions tropicales car elle exige des échantillonnages réguliers, l’utilisation d’un équipement coûteux et des compétences spécialisées de haut niveau en matière d’analyses.

En outre, les polluants métalliques sont généralement enchâssés dans des sédiments, et les échantillons d’eau passent souvent à côté des grands pics d’exposition lorsque les sédiments se désagrègent pendant des tempêtes ou des bouleversements d’autre sorte. Du fait de l’inadaptation des moyens à disposition, on utilise communément des bivalves, comme les moules (Mytilus edulis), car ceux-ci, en se nourrissant, filtrent l’eau de mer et constituent des accumulateurs biologiques se prêtant bien à la mesure de la pollution marine.

Le système “de surveillance de la moule” s’est avéré très performant et continue d’être le moyen de mesure le plus complet de la pollution du littoral marin par des métaux, aux États-Unis d'Amérique. Toutefois, les espèces de moules et d’huîtres utilisées se cantonnent aux régions du globe aux eaux tempérées, et il n’existe pas de sujet comparable pour la surveillance des eaux tropicales oligotrophiques. Nos travaux ont amené à la conclusion que les huîtres perlières sont le complément idéal du travail de surveillance avec les moules, pour les eaux chaudes. Les huîtres perlières des mers du sud, Pinctada, ont une distribution très étendue, elles sont sessiles et vivent longtemps. Les premiers essais ont confirmé une propension phénoménale de l’huître perlière hawaiienne (P. margaritifera galtsoffi) à accumuler des métaux lourds. Lors d’essais en cuve, en milieu contrôlé, on a observé des taux constants de bioaccumulation de cuivre, de cadmium et de zinc dans les tissus des huîtres perlières, directement proportionnels aux taux de concentration des métaux dans l’eau des cuves et à la durée d’exposition.

Ces expériences ont permis d’établir des normes pour la surveillance sur le terrain, les essais de démonstration fournissant des données préliminaires concernant l’environnement de l’archipel d’Hawaii. Une deuxième série d’expériences sur le terrain a confirmé l’importante variabilité temporelle qui caractérise l’accumulation de métaux lourds.

Les chercheurs s’occupent à présent d’étendre la gamme des métaux observés au strontium, au cobalt et au plomb. La mesure des taux de strontium et de cobalt radioactifs pourrait être un outil inestimable pour la restauration et le repeuplement d’atolls dans le Pacifique Sud (comme les atolls Bikini et Enewetak, aux Îles Marshall, Christmas Island, à Kiribati, ou Muroroa, en Polynésie française), sites d’essais nucléaires atmosphériques et sous-marins conduits par le passé par les États-Unis d'Amérique, la Grande-Bretagne et la France.