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Le Greffeur de Perles

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mercredi 1 septembre 2004

Les économies d’échelle dans la perliculture en Polynésie française : l’influence de la dimension des fermes sur le coût moyen d’une perle et celle des pratiques d’élevage sur la quantité et la qualité de la récolte de perles

Bernard Poirine et Sylvie Kugelmann
Université de la Polynésie française, Papeete, Tahiti (Polynésie française)

Une enquête faite auprès de quarante fermes perlicoles en Polynésie française a révélé d’importantes variations de coût entre les fermes. Le prix de revient moyen d’une perle baisse d’autant que la taille de la ferme augmente.

Pour les petites fermes perlicoles, ayant un stock de moins de 25 000 huîtres, le prix de revient moyen d’une perle est deux fois plus élevé que celui d’une perle provenant de fermes perlicoles possédant un stock de plus de 200 000 huîtres. Les économies d’échelle semblent se produire lorsque les fermes possèdent un stock compris entre 25 000 et 100 000 huîtres. Au-delà de 100 000 huîtres, les économies d’échelle sont moins sensibles.

On a effectué une analyse de régression pour déterminer la manière dont les pratiques perlicoles influent sur le pourcentage de rebuts (perles sans valeur commerciale). Une plus grande densité d’huîtres sur les cordages et une plus grande taille des huîtres au moment du greffage entraînent des taux de rebuts plus importants. Par contre, lorsqu’on laisse les huîtres greffées plus longtemps dans l’eau avant la récolte et qu’on les nettoie plus souvent, le taux de rebuts baisse. L’analyse de régression a également servi à mettre en lumière les facteurs déterminants dans le prix de vente moyen des perles. Lorsqu’on greffe des huîtres plus grosses et lorsque le taux de mortalité après greffage est moins élevé, on obtient un meilleur prix.

Utiliser des huîtres perlières comme des détecteurs de métaux lourds dans les eaux tropicales

Dale J. Sarver, Aaron Ellis, Neil Anthony Sims et David Wise

La mesure des degrés de pollution des mers tropicales par des métaux lourds réclame des techniques exactes et efficaces par rapport au prix qu’elles coûtent. La mesure directe de la présence des métaux dans de l’eau de mer n’est pas possible dans la plupart des océans et des régions tropicales car elle exige des échantillonnages réguliers, l’utilisation d’un équipement coûteux et des compétences spécialisées de haut niveau en matière d’analyses.

En outre, les polluants métalliques sont généralement enchâssés dans des sédiments, et les échantillons d’eau passent souvent à côté des grands pics d’exposition lorsque les sédiments se désagrègent pendant des tempêtes ou des bouleversements d’autre sorte. Du fait de l’inadaptation des moyens à disposition, on utilise communément des bivalves, comme les moules (Mytilus edulis), car ceux-ci, en se nourrissant, filtrent l’eau de mer et constituent des accumulateurs biologiques se prêtant bien à la mesure de la pollution marine.

Le système “de surveillance de la moule” s’est avéré très performant et continue d’être le moyen de mesure le plus complet de la pollution du littoral marin par des métaux, aux États-Unis d'Amérique. Toutefois, les espèces de moules et d’huîtres utilisées se cantonnent aux régions du globe aux eaux tempérées, et il n’existe pas de sujet comparable pour la surveillance des eaux tropicales oligotrophiques. Nos travaux ont amené à la conclusion que les huîtres perlières sont le complément idéal du travail de surveillance avec les moules, pour les eaux chaudes. Les huîtres perlières des mers du sud, Pinctada, ont une distribution très étendue, elles sont sessiles et vivent longtemps. Les premiers essais ont confirmé une propension phénoménale de l’huître perlière hawaiienne (P. margaritifera galtsoffi) à accumuler des métaux lourds. Lors d’essais en cuve, en milieu contrôlé, on a observé des taux constants de bioaccumulation de cuivre, de cadmium et de zinc dans les tissus des huîtres perlières, directement proportionnels aux taux de concentration des métaux dans l’eau des cuves et à la durée d’exposition.

Ces expériences ont permis d’établir des normes pour la surveillance sur le terrain, les essais de démonstration fournissant des données préliminaires concernant l’environnement de l’archipel d’Hawaii. Une deuxième série d’expériences sur le terrain a confirmé l’importante variabilité temporelle qui caractérise l’accumulation de métaux lourds.

Les chercheurs s’occupent à présent d’étendre la gamme des métaux observés au strontium, au cobalt et au plomb. La mesure des taux de strontium et de cobalt radioactifs pourrait être un outil inestimable pour la restauration et le repeuplement d’atolls dans le Pacifique Sud (comme les atolls Bikini et Enewetak, aux Îles Marshall, Christmas Island, à Kiribati, ou Muroroa, en Polynésie française), sites d’essais nucléaires atmosphériques et sous-marins conduits par le passé par les États-Unis d'Amérique, la Grande-Bretagne et la France.